CERAMIQUES D'AUJOURD'HUI – Armel HEDE

Portrait d'Armel Hédé par Isabelle Larrey
Photo: Isabelle Larrey

Né le 26 février 1955 à DINAN (Bretagne), Armel Hédé est céramiste de profession et autodidacte.

  • Initiation au tournage en 1974 à Paris avec Cyril Dor.
  • Atelier à Pleudihen (Côtes d’Armor) jusqu’en 1982 – travail de la faïence et du grès.
  • En 1978, collaboration étroite avec le graveur et peintre hollandais Hans Van Draanen (recherches de formes et décors)
  • En 1983, installation de l’atelier sur sa terre natale à Saint Juvat (Côtes d’Armor) et début de la porcelaine.
  • En 1989, ajoute à ses recherches le travail du Raku sur porcelaine.

Chaque pièce est unique, datée et signée.


« Bien sûr, comme nombre de céramistes, j’ai commencé par faire de l’utilitaire, ce qui m’a donné – après 16 heures de stage avec Cyril Dor en 1975 – la maîtrise technique et le bonheur indispensables pour continuer et me lancer à fond dans le travail de la porcelaine. La Chine des Song du Sud me fascine depuis toujours et ma situation d’autodidacte m’a laissé une grande liberté pour tenter de les rejoindre, sans céder au poids d’aucun modèle.
Mon seul modèle est celui de la nature, au sein de laquelle j’aime me plonger, qu’il s’agisse de mon jardin ou de nos grèves bretonnes, nature où je puise par osmose certains effets proprement artistiques. Les formes, très classiques au départ, se développent à la suite de croquis ( comme mes actuelles chrysalides ou coléoptères découverts près de ma mare ) ou encore par le simple jeu naturel du tournage qui permet aux formes d’évoluer spontanément vers d’autres volumes, de nouveaux équilibres. Le décor, son dessin, sa matière, eux aussi proviennent de la nature : monochromes, rouge de cerise, vert de feuillage, noir d’ardoise, blanc moucheté façon œuf de caille, mais surtout céladons très variés venus du mariage du ciel et de la mer, déployés sur de fines incisions d’herbes folles ou de vagues océanes, porcelaines enfumées aussi, façon raku – une autre face de mon travail – plus contrastées, plus mouvementées, liées peut-être au spectacle des champs de varech à marée basse, comme aux lourds nuages des orages marins.
Ma passion boulimique m’entraîne toujours plus loin tant du côté de la recherche d’émaux qu’en direction de volumes plus grands . Pour me faire connaître je participe à des marchés de potiers, je fréquente quelques galeries, mais ces rencontres, si elles sont nécessaires, ne doivent pas venir altérer la continuité de la démarche intérieure, le goût de la recherche autonome . Notre plus grand problème est que – par quel mystère ? – la céramique ne soit pas reconnue en France comme un art majeur, au même degré que la peinture, comme dans bien d’autres pays, même en Europe et ne dispose pas de relais suffisants . La France est riche d’excellents céramistes et la Bretagne n’est pas la moins riche de ses régions : aux amateurs le bonheur de les découvrir. »

Interview par Jean-François Juillard


« Armel HEDE est né en Bretagne à Saint-Juvat, près de Dinan, sur le site de l’ancienne mer des Faluns immergé dans une terre colorée et une pierre fossilisée.
Il y construit son œuvre de Céramiste au milieu de ses terres :

La glaise des origines qui le tient debout. L’ocre orangé des parcelles, ensemencé de fêtes et de moissons. L’éternelle fiancée à la pierre des maisons. La noire et grasse nourricière des jardins potagers. La bossue qui trace les chemins du voyage et le retour, avec dans son bagage idéal une belle étrangère, immaculée, insoumise et fragile : « la chair de porcelaine ».

Dans le chemin creux de ses mains, elle tourne, danse, s’affine, pousse, avance et tourbillonne jusque dans le foyer. Il caresse le ventre du four, souffle avec les flammes et les formes pures renaissent de leurs cendres. La chair de porcelaine se fait écorce, parchemin, pétale diaphane, ou herbe Céladon… « 

André Schetritt


« Il y a : celle qui scintille la nuit, celle qui chante le matin, celle que la lumière rend translucide, celle qui devient légère quand on l’attrape, celle sur laquelle l’émail a pleuré des larmes de sang, celle qui est plus claire que les eaux d’un lac, celle où mugissent les vagues, … celle que le feu a mordu, celle qui s’enroule autour du vide ou qui s’élance vers l’infini, celle qui repose sur un petit pied, celle qui brille au sommet, … celle qui est brève comme un haïku, celle qui a la lune en prise, celle qui danse sans bouger… et celle que j’ai vu et celle que j’ai pris dans mes mains, parce que c’était elle. »

Romane Pétroff


« Dans chaque œuvre, il y a la part de Dieu. Dans chaque céramique , il y a la part du feu. Mais c’est au potier qu’il appartient d’ apprivoiser, de maitriser la flamme. Armel Hédé y parvient magnifiquement. Depuis que je le connais, je ne cesse d’être étonné par son parcours.
Après avoir exécuté des pièces qui évoquaient les porcelaines de la Chine des Song, après avoir réussi les couvertes  » sang de bœuf  » – la pierre de touche de tout porcelainier – il s’est lancé dans de nouvelles expériences, dans de nouvelles aventures. Et de ces expériences, de ces aventures, sont nés des vases légers, fragiles au flanc desquels ruissellent l’or et les couleurs jaspées,
Armel Hédé est un créateur, avec tout ce que le mot sous-entend d’imagination, d’audace et de goût. »

François Duret-Robert